L’abbaye de Saint Maurin
L’histoire de l’Abbaye.
L’abbaye de Saint-Maurin
Les évènements clés
- 1082 : fondation de l’abbaye bénédictine
- 1097 : consécration de l’église abbatiale
- XIe – XIIe siècles : construction de l’abbaye romane
- XIIIe siècle : développement des possessions de l’abbaye
- 1346-1356 : destructions pendant la guerre de Cent Ans
- 1464 : nouvelle gouvernance, la commende
- 1500-1545 : construction du château abbatial et de l’aile nord
- 1565-1580 : destructions pendant les guerres de religion
- 1604 : début de la restauration
- 1645 : réforme de St Maur
- 1790 : la révolution française, l’abbaye partagée entre municipalité et privés
Pourquoi une abbaye aussi importante proche d’Agen ? La légende de Saint Maurin
L’abbaye de Saint-Maurin perpétue la vénération d’une victime de la foi ! Maurin aurait vécu sa courte vie au VIe siècle. A l’âge de 12 ans, il se rendit à Capoue (Italie) auprès de l’évèque Germain qui le baptisa. Après sept années d’étude de la philosophie, il rentra au pays et subit le martyre près d’une fontaine aux confins de l’Agenais et du Cahorsin. Cette mort édifiante et les miracles qui suivirent inspirent l’établissement d’un culte, la construction d’une basilique qu’un monastère remplacera par la suite.
Deux chapiteaux du chœur illustrent la vie de Saint Maurin :
à gauche, il se fait couper la tête (la décollation), à droite, il part, tête sous le bras vers la fontaine (la céphalophorie).
Ces chapiteaux sont exceptionnels par la finesse du trait, leurs proportions, la gravité des visages et la retenue des attitudes. Ils sont classés parmi les plus beaux d’Aquitaine !
La création de l’abbaye, une histoire de famille !
Entre le Xe siècle et le XIe siècle les terres et l’abbaye appartenaient à des laïcs, les vicomtes de Gabarret puis par mariage à la famille de Durfort, puissants seigneurs locaux. Bernard-Raymond de Durfort, en 1082, fait don de l’abbaye à l’abbé de Moissac, Hunaud de Gabarret.
Les moines sont ainsi des bénédictins affiliés à Cluny. Les bénédictins suivent les règles édictées par Saint Benoît de Murcie.
La construction de l’abbaye, son développement
Au XIe siècle, la première partie construite fut le bras sud du transept flanqué d’une chapelle en hémicycle dédiée à saint Benoît. Il reçut sa dédicace le 3 janvier 1097 comme l’atteste une exceptionnelle inscription lapidaire toujours en place sur un des murs. Le clocher fut élevé en même temps que le croisillon sud.
Au XIIe siècle, la construction du chœur et du transept nord furent lancés, la construction de la nef suivra.
Le domaine de l’abbaye devenu très prospère au XIIIe siècle, englobait vingt cinq cures et chapelles dans les diocèses d’Agen et de Cahors. Et ces dépendances rapportaient des revenus conséquents : le dernier abbé de Saint Maurin, Joseph de Galard, déclara, en 1789, 25000 livres de revenus, soit l’équivalent de 250 fois le salaire annuel minimum de l’époque !
Le Prince noir et le comte de Derby ou les vicissitudes de la Guerre de Cent Ans !
Le comte de Derby vers 1346 (Henry, duc de Lancastre) puis le Prince Noir (Edouard, prince de Galles) vers 1356 ont fait deux incursions dans le Pays de Serres, pillant, détruisant et incendiant villages et églises.
Le cloître, au nord de la nef, construit aux XIIe et XIIIe siècles ainsi que les bâtiments qui le bordent furent tous largement détruits à plusieurs reprises et reconstruits un peu différemment. L’abbaye et le village végétèrent pendant près d’un siècle. Puis la vie reprit peu à peu.
Et la gouvernance de l’abbaye changea !
Jusque là, les moines élisaient leur abbé. Mais c’était avant ! A la fin du XVe siècle, en 1464, l’abbaye tomba en commende au profit de la famille de Lustrac. La commende, administration de l’abbaye confiée au seigneur, permettait des campagnes de reconstructions ambitieuses, privilégiant le prestige personnel et le confort de l’abbé.
Trois membres de la famille de Lustrac se succédèrent : le premier, Herman, se démit assez vite au profit de son neveu, Bertrand âgé d’à peine 16 ans en 1481. Sous son abbatiat fut construit en 1500, le château ou logis abbatial de style gothique tardif. Un autre neveu, Jean de Lustrac, lui succéda, il fit restaurer le cloître, la salle capitulaire, les cellules des religieux dans l’aile nord terminée par une tour carrée. Ces constructions furent achevées en 1545.
De 1565 à 1580, troubles dans le Pays de Serres ! Réforme et reconstruction
C’est la période des guerres de religions. L’abbaye fut de nouveau saccagée et brûlée.
Il fallut attendre l’arrivée de l’abbé Pierre de Villemont en 1604 qui restaura l’abbaye. La prospérité semblait revenue en 1624.
Son successeur, l’abbé Mathurin Mangot, introduisit la réforme de Saint Maur en 1645. Dom du Laura, mauriste, reconstitua l’histoire de l’abbaye avec un nombre important de détails, et Dom Plouvier en dressa les plans en 1657.
Les jardins, la clôture, les tourelles défensives, dont une seule subsiste, le vivier, et d’autres aménagements, furent réalisés à la fin du XVIIe siècle.
Découvrez le cloître tel qu’il devait être au XVIIe siècle, visionnez la promenade !
Promenade au 17ème siècle - le cloître
1789, le début de la Révolution française
Les troubles révolutionnaires commencèrent dans le village le 6 février 1790. Ils n’épargnèrent pas l’abbaye !
Le château abbatial acheté par la municipalité fut en partie conservé. Quelques familles acquirent les bâtiments des religieux, le chœur, l’abside et les absidioles des transepts furent transformés en habitations, les murs de la nef furent minés pour en venir à bout. Tout fut vendu comme carrière de pierres.
Et aujourd’hui ?
Malgré tous ces désastres, l’abbaye n’a pas connu de reconstruction brutale, surtout au XVIIIe siècle. Elle est encore présente par ses vestiges sur toute l’emprise de son enceinte primitive
Pour approfondir votre information
Deux ouvrages ont été édités par l’association Les Amis de L’abbaye de Saint-Maurin :
- Que vive la mémoire … : la légende de Saint Maurin et les chants de processions
- Histoire de l’architecture : l’oeuvre romane, le château abbatial gothique, mutations, grandeur et décadence d’une abbaye bénédictine.