Les possessions de l’Abbaye de Saint-Maurin aux XIIIe et XIVe siècles

Les possessions de Saint-Maurin, abbaye agenaise, s’étendaient sur deux diocèses à raison d’un tiers pour celui de Cahors (puis de Montauban) et de deux tiers pour celui d’Agen.

La construction du domaine

Les possessions de Saint-Maurin se sont consolidées et développées pendant la période de paix qui s’étend de la guerre dite croisade des Albigeois (1209-1229) aux saccages de la guerre de Cent Ans (comte de Derby (Henri de Lancastre) en 1346 et Prince Noir (Edouard, prince de Galles) en 1356). L’abbaye s’est relevée au XVe siècle mais a subit les affres des guerres de religions au XVIe siècle. De nouveau relevée début du XVIIe siècle, ses possessions du XIIe au XIVe siècle ont perduré jusqu’à la révolution.

Pierre Simon, dans son article [cf références], cite les principaux abbés qui ont consolidé les possessions de l’abbaye :

  • l’abbatiat de Calsan de Favols (1231-1237) voit une reprise de la vie du domaine après les croisades. Saint-Maurin bénéficie d’importantes donations en 1233, 1235 et 1237. Mais ce serait surtout des restitutions.
  • Guillaume 1er de Belpech est abbé de 1238 à 1258. Il se fait confirmer la donation de l’église de Saint-Sixte en 1239. Mais la grande affaire de son abbatiat, c’est la négociation des droits de Saint-Maurin entre 1247 et 1255. A l’occasion de la construction de Puymirol, il passe un accord général avec l’évêque d’Agen sur les droits et dîmes de 17 églises et annexes.
  • Gausbert Girval est abbé de 1259 à 1303. Il conclut avec l’évêque de Cahors en 1281 un accord sur les onze églises et annexes qui relèvent de Saint-Maurin dans le diocèse de Cahors.

Cependant, les premières donations dont on trouve trace dans les archives, sont mentionnées entre le milieu du XIe siècle et l’an 1115, autour des deux événements qui attestent le renouveau de la vie monastique à Saint-Maurin : la donation du monastère à l’abbaye de Moissac par les Durfort vers 1082 et la date de la consécration de l’église gravée dans la pierre, 1097. On notera en particulier les donations suivantes :

  • la moitié de l’église Saint-Julien de la Serre et une exploitation,
  • le domaine de Cassinias et le bois d’Aviol pour « retirer tout ce qui est nécessaire pour construire l’église, le monastère … »
  • l’église Saint Martin de Seyssel près Beauville qui était déjà sortie des possessions au XIIIe siècle.
  • un domaine à Saint-Sixte,
  • Saint-Pierre de Lalande et tout son alleu (domaine libre et franc).

La reconstruction du domaine

Le domaine du XIIIe siècle se reconstitue à partir de 1230. Les archives ont gardé trace principalement de possessions d’églises et de la perception de dîmes. Elles représentaient d’ailleurs l’essentiel des ressources, encore au XVIIIe siècle. La possession d’églises est importante car elle permet de marquer l’influence d’une abbaye et ensuite d’agglomérer d’autres biens.
C’est grâce aux accords conclus avec les évêques d’Agen et de Cahors en 1254 et 1281 respectivement que nous avons une liste des ces possessions.
L’accord avec l’évêque d’Agen cite les églises et dîmes suivantes (communes et départements actuels) :

dans le Lot et Garonne :
St-Martin d’Anglars, église paroissiale de Saint-Maurin,
Notre-Dame de Ferrussac, commune de Saint-Maurin,
• Garguilh, intégré au territoire de St-Martin d’Anglars et de Saint-Pierre del Pech, commune de Saint-Maurin, aussi identifié sous Saint Pardoux – Garguihile,
St-Sixte, commune de St-Martin de Beauville,
Eglise de Gandaille, commune de Dondas, (aujourd’hui église Saint Louis)
• Ste-Foy près Frespech, commune de Blaymont,
• Eglise de Caillabet, commune de Frespech, (église Saint Georges)
• St-Julien de Magabal, commune d’Hautefage-la-Tour,
• St-Caprais de Cauzac,
St-Pierre de Cambot, commune de Tayrac, (aujourd’hui, église Notre Dame)
St-Amans, église paroissiale de Tayrac,
St-Urcisse, commune du même nom,

dans le Tarn et Garonne :
• les dîmes de Roquecor. ont été échangées en 1278 au profit de Saint-Vincent de Lespinasse,
• St-Genès de Golfech,
• St-Pierre de Lalande, commune de Goudourville,
• St-Pierre de Sigognac

Et dans le diocèse de Cahors :

dans le Lot et Garonne :
St-Pierre del Pech, commune Saint Maurin,
St-Julien (de la Serre), Gandaille, commune de Dondas,
St-Pierre de Grayssas,
• St-Martin de Lavalanède, commune de Grayssas.

dans le Tarn et Garonne :
• St-Germain de Moissaguel,
• St-Pierre de Bugat, commune de Bourg de Visa,
• St-Pierre de la Chapelle, commune de Montjoi,
• St-Martin de Puycastel, commune de Montjoi,
• St-Pierre de Montmagnerie, commune de Brassac,
Notre-Dame de Perville,
• St-Jean de Lagarde-Teulet, commune de Perville.

La vie du domaine

Concernant la vie du domaine de l’abbaye pendant les XIIIe et XIVe siècles, nous l’éclairons par deux éléments de la conclusion de l’article de Pierre Simon :

  • remarquons d’abord que le domaine décrit par les documents de la période révolutionnaire correspond à peu près à celui qui se reconstitue au XIIIe siècle, et même pour l’essentiel dans les années 1231-1262 ; il s’agit d’ailleurs beaucoup plus de rentes ou de droits ecclésiastiques que d’exploitation directe. Quand nous parlons domaine, il faut entendre « ensemble des revenus du monastère »,
  • la période 1255-1310 voit de très nombreuses contestations par les nobles des environs sur le domaine. Avec le début du XIVe siècle on aperçoit un net appauvrissement du monastère, il a de la peine à payer sa redevance au Roi, à un moment où l’abbé mène grand train et il subit parallèlement une agressivité des principaux seigneurs de la région.

Crédits et références bibliographiques

  • Les possessions de l’Abbaye de Saint Maurin aux XIIIe et XIVe siècles, Pierre Simon, article de la Revue de l’Agenais, 2012-4